Hommage à notre « cousin » André FAVIER

André FAVIER

Reproduction d’un article écrit par Henri DIOT fin 2015, avec l’aimable autorisation du Comité Départemental ANACR Allier.

Merci à eux …

MémorialGenWeb 

À la mémoire des onze fusillés de La Goutte Grandval.

L’événement dramatique s’inscrit dans la longue liste des exactions nazies de l’été 1944 ; la cérémonie du dimanche 13 septembre 2015, au cimetière de Saint-Yorre en ravive la mémoire.

Dans son numéro daté du 9 octobre 1944, le journal VALMY titre sur la « Découverte d’une fosse commune à Saint-Yorre ».

Extrait de l’article qui développe ce titre macabre.

« Le 7 août dernier, vers 11 heures, un camion s’embourba dans le chemin conduisant à « La Goutte Grandval », et ne put continuer sa route. Des Allemands en armes, au nombre d’une vingtaine, sautèrent du camion, firent descendre les 11 prisonniers, et les emmenèrent à pied au champ de tir. Environ un quart d’heure après passait sur un autre chemin conduisant au même endroit, une voiture hippomobile dans laquelle avaient pris place deux soldats et deux officiers dont le commandant de la compagnie.

Un peu plus tard, vers 11 heures 30, dans le champ de tir, les 11 prisonniers furent fusillés par petits groupes ; trois rafales furent en effet entendues. Les cadavres furent ensuite complètement défigurés à coups de bottes ou de crosses de fusils et enterrés pêle-mêle dans une fosse sur le lieu même de l’assassinat. »

Un autre journal local, « Vichy Libre », raconte dans son édition du 30 août 1944, les funérailles émouvantes faites à ces 11 victimes par la population de Saint-Yorre. En effet, un témoin avait assisté à ce massacre, mais terrorisé, il se tut jusqu’au jour où les Allemands furent contraints de quitter la région, le 26 août, soit 19 jours après le drame. Sur ses indications, des volontaires déterrèrent les corps, déjà dans un état de décomposition avancée, lesquels furent ensuite inhumés le 29 août au cimetière de Saint Yorre.

L’identification des victimes fut rendue très difficile du fait des outrages subis. Neuf d’entre elles ont pu être reconnues d’après des lambeaux de vêtements. La plupart provenaient du camp FTP Danièle Casanova implanté dans la région de Meillard, Besson, Souvigny.

Jules et Albert BERTHON, Aimé FUGIER, Xavier DORY et André FAVIER avaient été capturés par la Milice près de Besson après l’attaque du camp du 18 juillet. Livrés aux nazis, ils subirent donc une fin tragique tout comme Pierre HERUNDIE, Georges HUSSON, Pierre PERONNET de Varennes sur Allier, et Alphonse RINDER, qui habitait Contigny.

La Résistance a ainsi payé au prix fort la lutte contre l’occupant nazi et ses suppôts du gouvernement de Pétain. L’été 1944, marqué par le recul des Allemands et une activité intense des maquis, fut aussi un été meurtrier, l’ennemi aux abois se montrant particulièrement sanguinaire, multipliant les exécutions sommaires, les tortures et les déportations. Cinq habitants de Saint-Yorre sont d’ailleurs décédés dans les camps de la mort du IIIème Reich. Mais ce sacrifice suprême ne fut pas inutile.

Le combat des Résistants était un combat juste, nécessaire, c’était le combat pour la liberté et la justice, un combat contre le racisme et la dictature, ce combat était l’honneur de la France qui refusa de se plier aux ordres d’Hitler et de son idéologie destructrice. C’était le combat de tous ceux qui croyaient en la dignité de l’Homme, qui défendaient les valeurs de la République, qui souhaitaient une société plus juste et une vie meilleure dans la paix. Ces combattants de l’ombre comme on les appelle parfois, étaient pourtant d’origines, de convictions religieuses, philosophiques, politiques parfois fort différentes. A ce titre, l’image mortuaire en souvenir de Xavier DORY est particulièrement symbolique. Cette image comporte en effet des attributs religieux , crucifix, versets des Evangiles, paroles de prière, mais aussi ces quelques mots d’une lettre adressée par un camarade communiste du maquis :

« Votre fils était un parfait chrétien, non pas un catholique vulgaire qui veut faire comme tout le monde… la diversité des opinions philosophiques et religieuses était grande dans notre camp… mais toujours nos échanges de vues étaient empreints du respect des idées de chacun et cela a contribué beaucoup à l’amitié qui unissait votre fils à l’ensemble de ses camarades de combat. »

On touche là l’essence même de l’esprit de résistance, cette volonté de respecter l’autre dans ses différences, de le laisser s’exprimer librement même quand ses convictions ne sont pas les nôtres, pourvu que le but commun soit la recherche de la justice et de la paix ; la création du Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943, sous l’égide de Jean Moulin, fut la concrétisation de cet esprit d’unité et de fraternité. Le programme du CNR du 15 mars 1944 en est l’expression détaillée, tant dans ses objectifs militaires que sociaux ou économiques. Il s’agit de vaincre l’oppresseur dans un premier temps, pour ensuite édifier une société fondée sur la solidarité et le respect des droits fondamentaux. La sécurité sociale, le système des retraites, le droit du travail, le rétablissement des fondements de la démocratie, la maîtrise des richesses nationales en constituent le socle. Ce programme a rassemblé un large éventail de partis politiques et de syndicats à l’époque, il constitue encore aujourd’hui les bases de notre République. La journée nationale de la Résistance, chaque 27 mai , doit être l’occasion de le rappeler, alors que de graves difficultés menacent la paix en bien des endroits du monde, et nous interpellent aussi en France.

« Oublier les enseignements du passé serait, non seulement trahir le passé et renier le combat de nos frères mais aussi hypothéquer l’avenir » . (Pasteur Aimé Bonifas, ancien déporté de Büchenwald).

Henri DIOT

Comité local de Vichy

Source http://histoire-et-genealogie.over-blog.com/2015/08/fusilles-la-goutte-grandval.html

Titre du journal Valmy du 9 octobre 1944

LES ATROCITÉS ALLEMANDES

DÉCOUVERTE D’UNE FOSSE COMMUNE

À SAINT-YORRE

[…] Le 7 août dernier, vers 11 heures, un camion s’embourba dans le chemin conduisant à la « Goutte Grandval » et ne put continuer sa route. Des allemands en armes au nombre d’une vingtaine sautèrent du camion, firent descendre les 11 prisonniers et les emmenèrent à pied au champ de tir. Environ un quart d’heure après, passait sur un autre chemin conduisant au même endroit, une voiture hippomobile dans laquelle avaient pris place deux soldats et deux officiers dont le commandant de la compagnie.
Un peu plus tard, vers 11h30, dans le champ de tir, les 11 prisonniers furent fusillés par petits groupes ; trois rafales furent en effet entendues. Les cadavres furent ensuite complètement défigurés à coups de bottes ou de crosses de fusils, et enterrés pêle-mêle dans une fosse sur le lieu même de l’assassinat. […]

Valmy, 9 octobre 1944

Sa fiche sur le site « LE MAITRON  Dictionnaire biographique des Fusillés – Guillotinés – Exécutés – Massacrés« 

Il rejoignit la Résistance, membre du camp FTP Danielle Casanova, apparemment depuis le 6 juin 1944. Selon un article paru en 1946 son pseudo aurait été le Légionnaire alors qu’il semble que c’était celui d’un mort non identifié, Inconnu Busset le légionnaire.
Un doute subsiste sur la date et les circonstances de son arrestation. A-t-il été capturé le 18 juillet 1944 dans les bois de Besson lors de l’attaque du maquis par les GMR Guyenne et Limagne ?
L’enquête pour crimes de guerre dont il fut l’objet, indique qu’André Favier fut arrêté avec 3 autres camarades, Pierre Peronnet, Pierre Hierundie et Xavier Dory, le 1er août 1944 vers 4 heures du matin au lieu dit La Racherie à Contigny, à l’intersection des routes de Contigny et de Saint-Pourçain-sur-Sioule. Ils étaient tous les 4 porteurs d’armes venues du maquis du secteur de Besson. Ils furent arrêtés par une cinquantaine d’homme appartenant à la Schutzpolizei, en garnison à l’Hospice des Vieillards à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier). Après une journée ou deux passées à l’Asile, ces jeunes devaient être emmenés au siège du SD à Vichy, hôtel du Portugal, pour y être interrogés
Avec ses 5 camarades arrêtés dans le secteur de Contigny le 1er août et 5 autres Résistants, il est exécuté le 7 août 1944 à Busset (Allier) par un détachement de SS, après avoir été envoyé à la Gestapo de Vichy. La fosse commune ne fut découverte que le 26 août 1944.
Son corps sera formellement identifié en février 1946.
Il a été reconnu « Mort pour la France » (21 mai 1959) et a reçu à titre posthume la médaille de la Résistance par décret du 8 septembre 1961 (JO 22 septembre 1961). Ce même décret porte la citation suivante : « magnifique patriote. Arrêté pour faits de résistance le 2 août 1944. A été interné jusqu’au 7 août, date à laquelle il est mort glorieusement ». Le décret lui attribue également la Croix de guerre avec Palme, à titre posthume.

CE HÉROS NE MÉRITAIT IL PAS MIEUX QUE CETTE RUE « BORGNE » TRÈS PEU EMPRUNTÉE SI CE N’EST PAS DU TOUT ??

Les onze héros Mort pour la France

BERTHON Albert (1921-1944)
BERTHON Jules Pourçain (1882-1944)
DORY Xavier Marie Louis Robert (12/09/1924 – 07/08/1944)
FAVIER André (17/06/1921 – 07/08/1944)
FUGIER Aimé Jacques (09/08/1925 – 07/08/1944)
HIERUNDIE Pierre (18/03/1921 –  07/08/1944)
HUSSON Georges (22/01/1915 – 07/08/1944)
INCONNU DIT L’ALSACIEN –
INCONNU DIT LE LÉGIONNAIRE –
PERONNET Pierre (15/04/1908 – 07/08/1944)
RINDER Alphonse (1920 – 07/08/1944)

A voir

Les fiches individuelles sur le site MémorialGenWeb

Une biographie sur le site « LE MAITRON » Dictionnaire biographique des Fusillés, Guillotinés, Exécutés, Massacrés 1940-1944

Sur « maitron.fr » Busset (Allier), La Goutte Grandval 7août 1944

Sur le site Histoire et Généalogie : Les fusillées de la Goutte Grandval