Jour : 21 avril 2020

Le maquis pour échapper au STO

Extrait des « mémoires » de Georges CHEVET, écrites pour ses enfants, petits enfants et arrières-petits enfants.

Enfin début juin c’était le débarquement. Les allemands, trop occupés avec les déboires de leur armée en URSS et par les Américains en Normandie, ont oublié la fin de notre sursis et c’est comme ceci que notre classe d’âge n’a pas eu à partir comme ce fut le cas de nos aînés.


Après le débarquement des alliés ; nous sentions venir la fin de la guerre et il fallait chasser les allemands au plus vite. Avec tous les jeunes de tendance et de différentes couleurs, nous nous regroupions pour participer aux ultimes combats, et le 28 août nous nous sommes réunis à la demande des réfractaires au STO qui avaient déjà formé un petit maquis et nous rejoignions le lieu de rassemblement, dans la grange de Mr Ravel qui existe toujours dans le chemin qui s’ appelle aujourd’hui « Rue du maquis de Chaugy », à Bessay. Nous étions 17 jeunes, dont une bonne moitié n’avaient jamais vu un fusil, à rejoindre le petit groupe du maquis dans un local de la ferme attenante du château de Chaugy.


Ce jour-là, c’était le jour du passage du train blindé qui était allé jusqu’à St Loup, probablement pour se ravitailler et qui remontait sur Moulins où était bloqué une division allemande en attente de repartir vers le nord-est. Au retour de St Loup et un peu avant Bessay ce train a été bloqué suite à un sabotage des voies à 2 km au sud. Il y eut quelques rafales de mitrailleuse entre les allemands qui accompagnaient le train blindé et une voiture du maquis qui s’était aventurée dans le bourg par hasard. Il y eu un mort. Cette voiture disparut rapidement par un chemin de terre et l’incident était clos. La maisonnette du passage à niveau où habitaient les parents de ma future épouse reçu une rafale dont les marques existaient toujours quand elle fut démolie il y a quelques années.


Nous n’étions pas armés, à l’exception de nos chefs, et il valait mieux que ce soit ainsi. Car si nous avions été armés quelqu’un aurait pu prendre la décision d’attaquer et cela aurait pu tourner à la catastrophe et faire un deuxième Oradour.



Le maquis de Bessay

Extrait du Bulletin municipal édité à l’occasion du baptême des rues.

LE MAQUIS DE BESSAY


En 1943, afin de lutter plus efficacement contre l’Occupant qui intensifiait ses opérations, les différents mouvements de Résistance s’unirent au sein du Conseil national de la Résistance (CNR) présidé par Jean Moulin.

Représentées au CNR, les Forces unies de la jeunesse patriotique rassemblaient elles-mêmes différentes organisations de jeunes.

Leur délégué régional demanda à Antoine Ressot de constituer des comités locaux sur Neuilly-le-Réal,Jaligny et Varennes-sur-Allier. Le but ? Former des groupes opérationnels immédiatement disponibles pour diverses missions.

Si, le moment venu, ces comités étaient appelés à se constituer en groupes de combat, leur première tâche fut de tout faire pour s’opposer au départ des jeunes au Service du Travail Obligatoire (STO) en procurant aux réfractaires des planques dans les fermes des environs et des titres d’alimentation.

Pour former le comité de Bessay, Antoine RESSOT fit appel à Emile GUY, titulaire de deux citations brillamment obtenues en 39-40. « Milou » déploya une grande activité clandestine, secondé par Gaston GATEPIN (responsable du bourg de Bessay et de sa partie sud) et par Georges CHEVET (responsable nord et est). Au comité de Bessay, une trentaine de jeunes furent recrutés, qui, d’abord, diffusèrent clandestinement les journaux et tracts que leur donnait Antoine RESSOT. Puis vingt volontaires reçurent une formation (et des armes parachutées du côté de Neuilly) grâce aux contacts qu’entretenait Antoine RESSOT avec l’armée secrète du Groupement ROUSSEL, à Lapalisse, qui était en contact direct avec Londres.


Outre Antoine RESSOT (aujourd’hui* domicilié à Moulins), Emile GUY (Bessay), Gaston GATEPIN (Bellerive) et Georges CHEVET (Yzeure), il y avait là Roger CHEVRIER (Bessay), André BEL (Neuilly-le-Réal), Léon BONNABAUD, Etienne BORY (Vichy), Bernard et Roger BOUYEUX (décédés), Joseph BOURIOU (Avermes), Marcel CHAMBON, M. CORNUAULT, Jean DAYRAT (Moulins), Albert ANGEL, M. BLAVETTE, Francis MARTIINAT (Neuilly-le-Réal), M. Proust,   Louis RESSOT (Moulins) et Fernand ROUMOT (décédé). Ainsi constitué, le maquis de Bessay pris son cantonnement à Chaugy dans une grange au lieudit Le Pavillon, ravitaillé par un comité de soutien (les parents des volontaires, Marcel Minestron, l’instituteur Fradier, MM. Fournier, Simon, Journée, Charpin, etc.). Mlle Laconne préparait la nourriture et les maquisards mangeaient dans un local procuré par le fermier Marcel Labouret.

Patrouilles de repérage des activités ennemies dans le secteur Moulins-Varennes, coups de main et engagements violents aux côtés d’autres unités de la Résistance auvergnate se succédèrent. Enfin, sortant de la clandestinité, la quasi-totalité du maquis de Bessay continua le combat dans le 152* Régiment d’Infanterie incorporé à la 1ere Armée de De Lattre. Il termina son épopée le 8 mai 1945 sur les rives du lac de Constance,où il accueillit l’annonce de la capitulation avec le sentiment d’avoir parfaitement rempli sa mission.


Nous remercions Antoine Ressot pour la relation de ces faits.

* « aujourd’hui » ne concerne que la date de sortie du bulletin